mercredi 29 février 2012

La Dote

Il y a quelques semaines, j’ai été chaleureusement conviée à une dote (fiançailles togolaises). La dote est une cérémonie où les familles des futurs époux se rencontrent.
La cérémonie a commencé avec la présence des deux familles se faisant face sans les principaux acteurs (les futurs époux). Puis, la famille de l’homme a apporté en chantant des présents à la famille de la femme. Le but étant de gagner leurs cœurs pour conquérir la femme et ainsi effectuer un passage de sa famille de naissance à sa famille de mariage. 


Ensuite, la famille de l’homme, enfin surtout sa sœur adressait des tirades poétiques à la famille de Christine (épouse à venir). Elle décrivait comment : « une blanche colombe avait volé dans la chambre de son frère et que depuis il ne pouvait la laisser partir. » La sœur de Christine a ensuite riposté qu’elle ne connaissait personne de sa famille avec les caractéristiques évoquées. Alors, la sœur du futur mari devait surenchérir jusqu’à ce que la famille soit entièrement satisfaite.



A la suite de cet échange digne d’une comédie de Molière, la famille de Christine s’émancipe pour chercher leur fille. Une personne vêtue d’un drap sort d’une pièce acclamée de chant en Ewe (langue du Togo). La famille de l’homme doit alors deviner s’il s’agit de la bonne personne. 




Après, trois « farces » Christine est enfin reconnue et en ôtant les draps c’est alors que j’aperçois une magnifique femme vêtue d’une délicate robe bleu clair en soie. Quelques discussions et onction du pasteur, puis la famille de Christine s’absente à nouveau pour découvrir les présents apportés (généralement de l’alcool et des tissus). Satisfaits des cadeaux, ils décident de céder Christine à sa nouvelle famille. Le futur mari étant en voyage d’affaire, c’est sa maman qui a passé la bague de fiançailles à Christine qui a timidement souri.
 







La matinée a pris fin avec des chants de joie et un repas des plus nourrissants…

mercredi 15 février 2012

Screening




 Le 1er Février, nous avons eu la grande journée d’évaluation au Stade principal de Lomé. Des personnes provenants de tout le pays et des pays avoisinants ont commencé à s’attrouper devant le portail dès 2h du matin le dit jour.
 Les membres de l’équipage remplissaient plusieurs rôles durant cette journée. Il y avait les médecins chargés d’évaluer les patients et la possibilité d’effectuer des opérations, la sécurité, les personnes apportants à boire et à manger, les personnes chargées de questionner les patients sur le passé médical, les escortes des patients aux différents lieux d’évaluation puis les personnes chargées de l’animation des enfants. Etant dans le domaine scolaire, j’ai évidemment désiré intervenir auprès de ces derniers.


 Ainsi, à 6h00 départ après un courte nuit direction le stade. Une petite visite des alentours et à 7h00 les portes se sont ouvertes aux patients. Très vite j’étais occupée à lire des histoires, dessiner, faire des bulles et autres activités amusantes. Il faut savoir que ces enfants n’avaient pas dormi de la nuit, étaient fatigués, à bout et avaient pour la plupart faim. Ces activités permettaient de les divertir et leurs faire patienter encore quelque heures. De plus, cela donnait de l’air aux parents fatigués eux aussi.


 Environ une heure après avoir commencé une petite fille est venue nous rejoindre. Cette dernière était très vive et s’est emparée des crayons avec détermination. Peu de temps après je me suis rendu compte que cette dernière avait des moignons à la place des mains et des pieds et aucunes séparations des doigts. Malgré son handicap la petite Gracia dessinait sans peine, construisait des puzzles, etc… avec une dextérité impressionnante. Elle était si dégourdie qu’elle tentait de tout chiper aux autres enfants.




 Puis, Gracia a eu besoin d’aller aux toilettes alors je l’ai escorté et quand elle a fini je lui ai lavé les mains avec soins. Cette dernière a dû apprécier ce geste, car tous les 5-10, elle demandait d’y retourner. J’ai suivi Gracia aux différents lieux de l’évaluation et les médecins ont décidé de l’accepter sur le bateau pour une évaluation plus précise. Je l’ai ensuite accompagné aux portes et là elle s’est mise à pleurer, cela m’a fendu le cœur mais je savais que j’allais la revoir bientôt.




 Malgré la joie de cette rencontre, j’ai eu un autre contact avec un enfant un peu moins réjouissant. Dans la file se trouvait une vielle femme qui portait un enfant avec un énorme crâne. Ce dernier était couché et pouvait à peine bouger. Sa maigreur était effrayante malgré que sa grand-mère lui donnait la bectée. Je leur ai facilité l’accès à un médecin. Ensuite, en lui parlant davantage, la vieille femme m’a raconté l’histoire d’Enoch (son petit fils) qui avait été abandonné par sa belle-fille à la naissance à cause de sa malformation. La grand-mère se sentait dans l’obligation vis-à-vis de son fils de s’occuper de l’enfant qui avait aujourd’hui 5 ans. Malheureusement, à bord du navire, nous n’avons pas le matériel médical pour extraire le liquide présent dans la boîte crânienne de cet enfant.



 Enoch est une personne parmi beaucoup d’autres que nous ne pouvons pas offrir de soins à bord. Sur environ 4'000 personnes présentes à l'évaluation, seulement 1'600 personnes seront opérées à bord de L'Africa Mercy de Février à Juin. Cela me fend le cœur de savoir qu’autant de personnes vivent tant bien que mal avec de sérieux handicaps. Toutefois, nos capacités et matériels médical sont limités.