Le 1er Février, nous avons eu la grande journée d’évaluation au Stade principal de Lomé. Des personnes provenants de tout le pays et des pays avoisinants ont commencé à s’attrouper devant le portail dès 2h du matin le dit jour.
Les membres de l’équipage remplissaient plusieurs rôles durant cette journée. Il y avait les médecins chargés d’évaluer les patients et la possibilité d’effectuer des opérations, la sécurité, les personnes apportants à boire et à manger, les personnes chargées de questionner les patients sur le passé médical, les escortes des patients aux différents lieux d’évaluation puis les personnes chargées de l’animation des enfants. Etant dans le domaine scolaire, j’ai évidemment désiré intervenir auprès de ces derniers.
Ainsi, à 6h00 départ après un courte nuit direction le stade. Une petite visite des alentours et à 7h00 les portes se sont ouvertes aux patients. Très vite j’étais occupée à lire des histoires, dessiner, faire des bulles et autres activités amusantes. Il faut savoir que ces enfants n’avaient pas dormi de la nuit, étaient fatigués, à bout et avaient pour la plupart faim. Ces activités permettaient de les divertir et leurs faire patienter encore quelque heures. De plus, cela donnait de l’air aux parents fatigués eux aussi.
Environ une heure après avoir commencé une petite fille est venue nous rejoindre. Cette dernière était très vive et s’est emparée des crayons avec détermination. Peu de temps après je me suis rendu compte que cette dernière avait des moignons à la place des mains et des pieds et aucunes séparations des doigts. Malgré son handicap la petite Gracia dessinait sans peine, construisait des puzzles, etc… avec une dextérité impressionnante. Elle était si dégourdie qu’elle tentait de tout chiper aux autres enfants.
Puis, Gracia a eu besoin d’aller aux toilettes alors je l’ai escorté et quand elle a fini je lui ai lavé les mains avec soins. Cette dernière a dû apprécier ce geste, car tous les 5-10, elle demandait d’y retourner. J’ai suivi Gracia aux différents lieux de l’évaluation et les médecins ont décidé de l’accepter sur le bateau pour une évaluation plus précise. Je l’ai ensuite accompagné aux portes et là elle s’est mise à pleurer, cela m’a fendu le cœur mais je savais que j’allais la revoir bientôt.
Malgré la joie de cette rencontre, j’ai eu un autre contact avec un enfant un peu moins réjouissant. Dans la file se trouvait une vielle femme qui portait un enfant avec un énorme crâne. Ce dernier était couché et pouvait à peine bouger. Sa maigreur était effrayante malgré que sa grand-mère lui donnait la bectée. Je leur ai facilité l’accès à un médecin. Ensuite, en lui parlant davantage, la vieille femme m’a raconté l’histoire d’Enoch (son petit fils) qui avait été abandonné par sa belle-fille à la naissance à cause de sa malformation. La grand-mère se sentait dans l’obligation vis-à-vis de son fils de s’occuper de l’enfant qui avait aujourd’hui 5 ans. Malheureusement, à bord du navire, nous n’avons pas le matériel médical pour extraire le liquide présent dans la boîte crânienne de cet enfant.
Enoch est une personne parmi beaucoup d’autres que nous ne pouvons pas offrir de soins à bord. Sur environ 4'000 personnes présentes à l'évaluation, seulement 1'600 personnes seront opérées à bord de L'Africa Mercy de Février à Juin. Cela me fend le cœur de savoir qu’autant de personnes vivent tant bien que mal avec de sérieux handicaps. Toutefois, nos capacités et matériels médical sont limités.
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